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Motsaïque : histoires et nouvelles composées de petites pièces (en mot, en phrase, en paragraphe, etc.) de différentes couleurs, assemblées et jointoyées avce le verbe ; art de composer de tels ouvrages. Ses histoires ont une beauté brute, sauvage. Du mot inerte, il leur rend la vie. nouvelles textes en ligne |
La lettre maudite... de la chance... Lecture : Interdite aux moins de 16 ans (Âmes sensibles, halte ! Ne lisez pas ce qui va suivre. Cela pourrait vous porter préjudice. Attention, je vous aurai prévenues ! Ce n’est pas un canular !) La vie pourrait être d’une banalité sans failles, heureusement que la chance est là pour vous distribuer son petit coup de pouce, dans le dos, du haut de votre falaise... Sylvain a trente ans et il est heureux de vivre. Son mariage avec sa charmante jeune femme, Lucille, ainsi que leur petit garçon âgé d’un an, le comblent de bonheur. Rien ne semble pouvoir troubler la douce harmonie de leur cocon familial. Et pourtant, en une seule seconde tout peut basculer, un brutal accident de voiture, un incendie, une agression violente, un arrêt du muscle cardiaque... tous ces événements peuvent d’un coup vous rattraper et vous laisser là, seul face à la... Seulement ce midi là, Sylvain rentre tranquillement chez lui pour déjeuner. Il ne se passe rien qui puisse briser cette quiétude ennuyeuse. De plus, la journée est vraiment magnifique. Le soleil darde de superbes rayons, la chaleur est agréable, les oiseaux pépient dans les arbres et volent de branches en branches. Vraiment la nature est d’un rationnel sans surprise. Navrant ! Les gens sont dehors et lézardent aux terrasses des cafés. Les restaurants s’emplissent dans la bonne humeur... Surgissant de nulle part, l’assassin présumé s’assied à une table et commande un soda. Il ne massacre personne. Décourageant... Ce brouhaha des plus sympathiques vient distraire Sylvain qui sifflote, sur le chemin de la maison. Ce chemin qui pourrait être celui de son dernier souffle... Non ! Il est toujours vivant quand il débouche dans l’allée de son lotissement. Décidément... c’est une sale journée. En arrivant chez lui, il vérifie d’un coup d’œil sa boîte aux lettres, comme à l’accoutumée. Du courrier l’attend : - Ah ! Mais c’est mon jour de chance, un vrai courrier ? dit-il tout haut en découvrant la Lettre. Pour une fois qu’il y a autre chose que des factures dans cette boîte ! Oui, pour une fois... dommage... L’écriture sur l’enveloppe lui semble familière, celle d’une amie de longue date. La joie d’avoir de ses nouvelles le conforte dans sa bonne humeur. C’est décidément une excellente journée... Oui, elle sera bien meilleure quand il aura ouvert la lettre. Le frisson d’une vie ne tiendrait-il qu’à une infime jouissance ? ... Sylvain grimpe les marches du perron quatre à quatre, et entre, prendre connaissance au plus vite du contenu de la Lettre. Il espère une prochaine visite de son amie et n’imagine pas un instant que la teneur du courrier puisse être différente. Dans sa tête s’échafaudent déjà des plans de réception et de soirées délicieuses. Pas de chance ! Il ne faut jamais se réjouir trop tôt... Il est midi et quart, quand il franchit la porte de son domicile. Elle se referme en claquant derrière lui. Sa femme Lucille, joyeuse, vient l’embrasser. Sa matinée s’est bien déroulée avec l’enfant. Alors qu’un malheur est si vite arrivé. Tous ces dangers auxquels un adulte ne prête plus attention sont de véritables pièges pour les jeunes enfants insouciants, et si charmants... - Le repas sera prêt d’ici quelques minutes, lance-t-elle d’un ton guilleret. Lucille est radieuse d’être en compagnie de son mari pendant la pause déjeuner ; son nouveau travail le lui permet. Sylvain l’embrasse à son tour, la serrant dans ses bras. - Regarde mon amour, de qui nous avons des nouvelles ! dit-il souriant. Lucille soulève un sourcil interrogateur et mutin. Elle ne reconnaît pas l’écriture. Pourquoi ne cherche-t-elle pas à découvrir, sous l’emprise de la jalousie, qui est cette rivale ? Et qui pourrait enfin éradiquer cette trop magnifique journée ? Non... Elle est heureuse aussi. Plus pour longtemps, belle candide... Sylvain ôte prestement ses chaussures et se dirige, espadrilles aux pieds, vers le bureau. Il prend un coupe-papier et incise l’enveloppe rapidement. HA ! C’est un plaisir de découvrir une si belle lame, tranchante, si douce, et si meurtrière... Innocente de sa puissance ! Un pied enchevêtré dans le tapis ferait basculer le crédule vers elle dans un sombre dessein... Ici l’arme est bien plus perfide... Il en sort une feuille A4, pliée, dactylographiée sur une seule face. - Tiens, murmure-t-il un sourire aux lèvres, elle a un ordinateur maintenant... Elle qui en avait horreur avant. Et de suite Sylvain se met à la lecture. Dès la première ligne, sa gorge se serre... La Lettre débute comme ceci : “Cette lettre a été écrite par un missionnaire. Elle vient du Venezuela. Même si vous n’êtes pas croyant, prêtez attention à ce qui suit. M. Bergereau reçoit cette lettre en 1953, la recopie comme il est demandé, et neuf jours plus tard, il gagne 25 millions à la loterie nationale. À chaque ligne, Sylvain se crispe davantage. M. Ber la reçoit, la fait copier 28 fois : neuf jours après il est nommé à un grade supérieur. Une fine sueur lui recouvre le front. M. Parru la reçoit également, oublie de la recopier et perd son emploi. Peu de temps après, il retrouve la lettre, la fait copier 28 fois, neuf jours après il retrouve une situation supérieure à celle qu’il occupait. Ses doigts tremblent... Mme Mex la reçoit à son tour, la brûle : sa maison est détruite, ses parents décèdent et son mari est hospitalisé à Dugnac suite à un accident. Ses mains deviennent moites... M. Constantin reçoit la lettre, il demande à sa secrétaire de faire 28 copies et de les envoyer à ses clients. Quelque temps après, il gagne 20 millions. Un tic perturbe sa lèvre inférieure pendant la lecture... Il ne sait pourquoi il doit continuer à lire, à lire cette maudite LETTRE... Un coiffeur la met de côté et perd tout en brisant la chaîne. Il cherche la lettre, fait 28 copies, neuf jours après, il gagne 20 Millions de dollars. Brusquement, Sylvain froisse la Lettre d’un geste agacé et la balance à la poubelle. Puis, au bout d’une minute d’examen de la corbeille à papier, il la reprend et la défroisse. En aucun cas, cette chaîne ne doit être rompue. Recopiez-là, photocopiez la 28 fois et neuf jours après un événement heureux arrivera. Soyez gentils, faites suivre la chaîne. Saint Antoine vous prodigue la chance. Cette chaîne a fait neuf fois le tour du monde. La chance vous l’a envoyée. Vous devez revoir la chance neuf jours après, un événement heureux surviendra. En aucun cas, il ne faut envoyer de l’argent. Simplement, il ne faut pas garder ni cette lettre ni aucune copie. Les lettres doivent quitter votre demeure. Ceci n’est pas une farce, et même si vous n’êtes pas superstitieux, faites suivre la Lettre. Cette lettre a été écrite par Saint Antoine, Missionnaire du Sud. Dans neuf jours, vous aurez une grande surprise. LA chance.” Sylvain pose la feuille, en la plaquant sur son bureau, mécontent. Il n’aime pas cette lettre et il tente à présent de la lisser de son mieux. Au fond de lui, les mots se sont incrustés comme au fer rouge. D’un seul coup, toute sa bonne humeur s’est envolée. Il maugrée encore, songeant que le ciel n’est plus aussi bleu. Les couleurs sont avant tout celles du cœur, et suivant nos humeurs elles changent. Craignez que le ciel ne vous tombe sur la tête ! Odieuse nature qui ne déroge jamais de son apparente immobilité... tandis que la chance, si ignoble dans sa perfide définition. Et les mots... uniques instruments du destin... distillent enfin un doux malaise... Sylvain mange et ne dit pas un mot sur le courrier à Lucille qui, dérangée sans cesse par le petit Julien, a oublié la Lettre. Il part au travail vers 13 h 30, franchement contrarié. Pourtant les nouvelles annoncées dans la lettre ne sont que de mielleuses annonces de la Chance... Ha ! Ces humains ne sont jamais satisfaits. Le soir, il continue à dissimuler la Lettre à sa femme. Mais, Lucille a lu le maudit courrier entre-temps, aplati sur la table de travail. Délectable curiosité féminine ! Mère de l’intelligence... De toute façon, elle n’a pas reconnu l’écriture sur l’enveloppe et elle ne se souvient plus… Comme c’est étrange... Elle n’en souffle mot à Sylvain. Jeux de maux ! Sylvain dort mal, cette nuit là. Au matin, il s’empare de la Lettre et en suit progressivement les instructions. 28 photocopies ! Il lui faudrait 28 adresses et ainsi il se débarrasserait de la malvenue : LA Chance. Il prend le bottin et désigne au hasard 28 malchanceuses victimes potentielles de la Lettre de la chance ! Pourtant, il sait déjà que sa vie va basculer à cause d’ELLE... Alors pourquoi suit-il les directives inscrites ? On ne peut ignorer les ordres de la Chance ! Terrible chance. Mais quel chemin prendra-t-elle ? Neuf jours plus tard, Julien, leur enfant tombe malade. Le médecin, fort inquiet sur l’état de santé du bébé, revient tous les jours durant neuf jours. Le dixième, une ambulance emporte toutes sirènes hurlantes Julien à l’agonie. Lucille, de peur, en tombe elle aussi malade. Sylvain passe des nuits entières au chevet de sa femme et du bébé. Pendant ce temps, des cambrioleurs visitent la maison. Il ne le découvre que deux semaines plus tard, lorsque la police vient le trouver à son travail. La chance... quelle merveilleuse invention ! Délicieux moments... Sa femme et son bébé décèdent le même jour, à quelques minutes d’intervalles. Les chirurgiens, les médecins, n’y comprennent rien. Le mal a gagné ! Pas de chance... que c’est triste !!! HAHAHAHA ! Sylvain abattu, hagard, ne retourne plus à son travail. Sa vie n’a plus de sens. Le médecin le trouve chez lui, dormant par terre. Il le croit mort de prime abord. Non pas encore ! Il vit, son coeur bat, lentement mais sûrement. Dommage, il aurait été plus facile pour lui de perdre l’équilibre avec en main ce si beau coupe-papier... La chance lui a certainement sauvé la vie... c’est heureux. N’a-t-il pas suivi à la lettre les consignes de la Lettre ? Jeux de maux... En quelques heures, une armée d’experts envahit son intérieur. Dans la journée, Sylvain est aussitôt placé en chambre isolé. En quarantaine ! Tous les spécialistes craignent une épidémie nouvelle. Quelle bonne nouvelle ? L’information se déchaîne dans les journaux. Une chance pour certains... Et à la plus grande surprise de quatre policiers, deux cambrioleurs se présentent aussitôt revendiquant le méfait commis dans l’appartement de Sylvain machin-truc-bidule. L’autre là, qui véhicule un virus inconnu ! Surtout, ils ne veulent pas crever pour une télévision, un magnétoscope et quelques babioles dont ils n’ont tiré que quelques euros. Même les flics se laissent envahir par une crainte irraisonnée de la maladie, et seraient prêts à flinguer les deux malotrus qui viennent se rendre dans LEUR commissariat. Si par malheur l’un d’eux s’approchait trop près d’un des quatre gardiens de la paix, ... Un commissaire, voulant éviter la panique, contacte immédiatement l’hôpital. Dommage... Une heure après, tout ce petit monde se retrouve en chambre isolée. Un mois plus tard seulement, ayant constaté qu’aucun décès ne survenait, les spécialistes en virologie les relâchent. Nos deux malandrins entrent directement en taule. Mais, leur objectif est désormais de se carapater de cette ville et de braquer des banques ! Au moins les billets, eux, ne peuvent leur jouer un aussi sale tour. C’est bien connu, l’argent n’a pas d’odeur... Quelle chance ! Ont-ils tous reçus la Lettre ? Sylvain est jeté dehors comme un malpropre. Il a perdu sa maison et en quelques mois, il devient un sans logis, un clochard. Il est encore en vie, une sacrée chance. Il a bien suivi les instructions de la Lettre. Non ? Un matin, les gendarmes d’une bourgade retrouvent un corps anonyme dans un fossé, dévoré par les vers. Il n’y a aucun papier dans les hardes de Sylvain. Il faudra des semaines pour l’identifier. Même ses obsèques en seront perturbées. Quelle chance pour les vers, ce fut un si bon repas... Quelque part dans l’ombre, un homme, mi-être mi-animal, les yeux rouges, continue à préparer des lettres qu’il distribue au hasard. - Elles font neuf fois le tour du monde, grince-t-il dans un grand éclat de rire... Signé LA Chance. La chance n’est pas forcément ce que l’on croit. Sylvain a eu de la chance de ne pas mourir dans un accident de voiture, de ne pas se tuer avec cette lame si tranchante... Elle lui a souri... Seulement, nous n’avons pas tous la même vision de la Chance. Alors, qu’allez vous faire maintenant si vous recevez cette lettre ou ce courrier électronique aujourd’hui ? Vous avez dû certainement en recevoir de semblables ! Au moins une fois déjà dans votre vie. Pourtant, vous n’en faites pas état. Vous n’en parlez pas et cela vous fait peur. Non ? Mais ici, sans vous en rendre compte, vous l’avez lue ! Allez-vous suivre à la lettre les instructions ou les injonctions de La Chance ? Que j’ai retenue dans mes mains et que je vous ai livrée, de manière diabolique, par le biais de l’écriture... Est-ce un piège ? Pensez-vous que j’ai rompu la chaîne ? Et allez-vous la rompre ? Je n’ai qu’une question à poser à la personne qui me l’a envoyée : - As-tu vraiment eu la Chance que tu espérais ? Voici la véritable lettre : Cette lettre a été écrite par un missionnaire. Elle vient du Venezuela. Même si vous n’êtes pas croyant,prêtez attention à ce qui suit. M. Bergereau la reçoit en 1953, la recopie comme il est demandé et neuf jours plus tard, il gagne 25 millions à la loterie nationale. Il perd tous ses amis. M. Ber la reçoit, la fait copier 28 fois : neuf jours après il est nommé à un grade supérieur. Ses collègues jaloux le poussent au suicide. M. Parru la reçoit également, oublie de la recopier et perd son emploi. Peu de temps après, il retrouve la lettre, la fait copier 28 fois, neuf jours après il retrouve une situation supérieure à celle qu’il avait, dans une société appartenant à la mafia. Il sera condamné à vingt ans de prison pour complicité. Mme Mex la reçoit à son tour, la brûle. Sa maison est détruite, ses parents décèdent et son mari est hospitalisé à Dugnac. Son mari et ses enfants ont empoché la modique somme de 39 000 euros (assurance incendie) et un héritage qui leur permettent de vivre sans travailler jusqu’à la fin de leur vie. M. Mex va très bien, il n’avait qu’un bras cassé. M. Constantin a reçu la lettre, il demande à sa secrétaire de faire 28 copies et de les envoyer. Quelque temps après, il gagne 20 millions. Elle le poignarde avec un coupe-papier, il essayait de la violer. Elle perd son emploi, et depuis vit dans un asile. Un coiffeur la met de côté et perd tout en brisant la chaîne. Il cherche la lettre, fait 28 copies, neuf jours après, il gagne 20 Millions. Entre-temps, il attrape le sida. En aucun cas, cette chaîne ne doit être rompue. Recopiez-là, photocopiez la 28 fois et neuf jours après, un événement heureux arrivera. Soyez gentils, n’interrompez pas la chaîne. Saint Antoine vous prodigue la chance. Cette chaîne a fait neuf fois le tour du monde. La chance vous l’a envoyée. Vous devez revoir la chance neuf jours après, un événement heureux surviendra. En aucun cas, il ne faut envoyer de l’argent, simplement, il ne faut garder ni cette lettre ni aucune copie. Les lettres doivent quitter votre demeure. Ceci n’est pas un canular, et même si vous n’êtes pas superstitieux, faites suivre cette lettre. Sinon... Cette lettre a été écrite par Saint Antoine, Missionnaire du Sud. Dans neuf jours, vous aurez une grande surprise ! La Chance. Pour ma part, je l’ai jetée à la poubelle ! Et vous ? Allez-vous répondre à la Chance ? Pour cela il vous suffit de la recopier, photocopier, 28 fois et neuf jours après, un événement heureux arrivera. Soyez gentils, n’interrompez pas la chaîne. Jack Sigurson, votre nouveau missionnaire |
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