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Motsaïque : histoires et nouvelles composées de petites pièces (en mot, en phrase, en paragraphe, etc.) de différentes couleurs, assemblées et jointoyées avce le verbe ; art de composer de tels ouvrages. Ses histoires ont une beauté brute, sauvage. Du mot inerte, il leur rend la vie. nouvelles textes en ligne

 

Et si cela arrivait demain...

 

Si vous désirez lire plus rapidement cette nouvelle, elle est disponible ici... mais cela serait dommage de ne pas la lire en vidéo. Et de rater l'ambiance musicale accompagnant les mots, ici les maux de notre société...

À vous de voir, vous avez le choix


 

Et si cela arrivait demain...

 

 

Le matin, il n’y avait rien de plus beau qu’un lever de soleil sur l’horizon, où les couleurs de la vie explosent en nuances de rouges et oranges, effaçant les ténèbres bleutées de la nuit.
Une image presque banale pour nos esprits blasés par tant de virtuels. À toute heure du jour et de la nuit, nous pouvions programmer cette sublime vision sur nos murs. Mais aujourd’hui, ce lever de soleil annonçait la pire des catastrophes que notre civilisation, allait subir.
Avant notre ère, je pense qu’elle n’aurait rien provoqué, sauf peut-être quelques réactions épidermiques.
L’éruption solaire qui bombardait actuellement la Terre sonnait le glas de l’ère informatique.

Les scientifiques du monde entier avaient pourtant lancé l’alerte, en annonçant qu’une tempête magnétique frapperait la planète et réduirait au silence nos satellites de communication, ainsi que tous les systèmes informatiques mondiaux ! Mes semblables avaient ri de cette bonne blague. Les commerciaux du monde entier assurant que leur matériel ne subirait aucun dommage. Tout avait été prévu.
Un commercial étudiait le moyen de faire de l’argent, et ne comprenait qu’une seule chose. Ce genre de phénomène pouvait leur rapporter un surplus de chiffre d’affaire. Ils vendirent des contrats d’assurances.
Les gens n’avaient pas bien compris qu’une éruption solaire pouvait avoir des conséquences bien plus dramatiques que des simples pannes électroniques. Ils avaient préféré croire le commercial qui vantait le blindage du matériel et les serinait sur leur droit de garantie, si une panne improbable survenait après cet incident.

Une vague de feu et d’énergie de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, ayant pour base une explosion thermonucléaire à l’échelle de notre étoile, n’engendrait pas une petite déformation des vents solaires et autres forces qui soudaient notre système solaire dans un équilibre quasiment précaire. C’était une tempête magnétique terrible, qui allait envelopper le berceau de l’humanité entre ses filets avec une rare violence. Difficile de croire qu’une main invisible puisse détruire ou réduire à néant les plus puissants systèmes informatiques ? Et pourtant, cela arriva, sans que quiconque puisse faire quoique ce soit.
Les hommes, pensaient-ils vraiment pouvoir réparer, avec des pièces qui elles-mêmes auraient été réduites en miettes, ce qui était le plus bel outil de communication de notre civilisation. Internet.

Depuis hier soir, je n’ai plus d’ordinateur ! Il refuse de s’allumer, un écran noir me souhaite la bienvenue dans le silence de mon appartement... la télévision fonctionne encore, mais l’image est sauvagement perturbée. J’observe les soubresauts en écoutant les étranges sifflements, on dirait des cris de souffrances atroces.
Clac !
C’est le dernier son sorti des hauts parleurs de mon téléviseur.
Au même moment, la sonnerie du téléphone se fait entendre. Je me lève et décroche le combiné :
– Oui allo !
Je suis obligé de hurler, à cause des bruit infernaux qui soufflent sur la ligne.
– Yohan ! C’est moi, François ! Mes ordinateurs sont en panne..... scriiiiiiiiii.... fuuuuuu... scriiiiii..
La voix de mon client est entrecoupée par les mêmes sifflements et stridulations, je sais à cet instant que le système téléphonique va lui aussi tomber en panne.
À peine ai-je eu le temps de le penser qu’un silence oppressant s’ensuit sur la ligne. Je raccroche.
Mon regard s’attarde sur l’halogène qui inonde d’une puissante clarté mon salon. Je n’aime pas mon intuition qui me dit que d’ici quelques minutes, l’électricité va elle aussi disparaître. Et pour me donner raison, la lumière artificielle s’éteind d’un coup... remplacée par les premiers rayons du soleil. Les dernières heures de notre vie sont en train de s’éteindre les unes après les autres.
Le plus hallucinant dans cette histoire, c’est que les hommes eux ne seront pas touchés par cette tempête magnétique. Ils le seront un peu plus tard, non par une maladie dûe à cet événement, mais par leurs prochains actes. Comment vont-ils réagir ? J’ai bien peur qu’une guerre civile ou plutôt une guérilla urbaine ne survienne. Je ne sais pas à vrai dire. Mais quand ils vont s’apercevoir que tous les objets contenant ne serait-ce qu’un composant électronique sont en panne, vont-ils comprendre que notre civilisation est morte ? Que l’argent dans nos banques, argent virtuel de nos comptes informatiques, certes enfermé dans des coffres ne leur sera plus accessible.
Pour comprendre la catastrophe, il faut vivre à notre époque où tout est géré par ordinateur. La tempête va détruire non seulement le matériel, mais aussi les données sauvegardées sur les supports magnétiques. Peut-être les Céderoms et Dévédéroms seront-ils encore lisibles ? Mais sans machine pour lire les données, à quoi serviront-ils ? Ils seront là, pour prouver plus tard que nous avons existé.
Un sentiment de danger s’insinue en moi, je pense aux centrales nucléaires dont tous les systèmes sont maintenant inaptes à contrôler la réaction nucléaire du noyau d’uranium. J’habite à moins d’une trentaine de kilomètres de l’une d’elles... oui, les premières menaces viennent de là. Je n’ai pas le choix, je dois quitter la ville ! En vélo, il n’y a pas d’autres solutions.
Si elle n’était pas dans ma vie, je crois que je serais resté à observer le déclin ou le désordre qui va survenir dans les jours à venir. Pour l’instant, la panique ou l’attente lascive du monde urbain me permettra de la rejoindre. Je suis très anxieux à son sujet. Elle qui est si fragile, si sensible... j’espère qu’elle va aller se réfugier chez sa soeur. Il faut que je me dépêche... je suis un bon cycliste, mais trois cents kilomètres me séparent d’elle. Je les ferai d’une traite. Vais-je tenir le coup ? Ne pensons pas aux diverses rencontres possibles sur la route. Je risque d’être attaqué pour ce bien qui risque de devenir précieux : mon VTT.

À peine suis-je dans la rue, le vélo à l’épaule que j’observe les premiers attroupements. Je ne m’attarde pas. Déjà ma voisine du rez-de-chaussée hurlait je ne sais quoi ! Je m’élance dans les rues, concentré... pour éviter le plus possible mes congénères ! Par sécurité.
Sur les quais les premières bagarres éclatent entre automobilistes. La majorité des voitures sont équipées avec de l’électronique et donc ne sont plus que des amas de tôles à quatre roues qui bloquent la circulation.
Pourquoi ne suis-je parti cette nuit ? Quel sombre idiot ! Non, j’ai cru les médias comme les autres. Ils n’y comprennent rien et de plus ne débitent que les flashes du gouvernement.
Une station service, un peu plus loin, est désertée de son personnel. Les pompes sont inertes ! Elles sont gérées par des ordinateurs. Je me demande ce qui va rester en fonction ? Les machines entièrement mécaniques qui possèdent un moteur à explosion sans autres fioritures.
Au fur et à mesure que je m’éloigne de la ville, la tension me quitte peu à peu. On ne fait pas encore attention à ma personne qui roule à bonne vitesse, un sac à dos garni de denrées et de bouteilles d’eau. Demain, cela sera une autre histoire pour se les procurer ! J’imagine déjà des cohortes d’hommes et de femmes prendre d’assaut les hypermarchés et autres supérettes. Du provisoire. Comment feront-ils pour se nourrir d’ici quelques jours quand tout sera épuisé ?
Au fond de moi, je souhaite ardemment que des hommes aient compris le danger et préparé un plan pour empêcher le chaos qui germe dans les pays dits civilisés à la suite de l’annihilation totale et complète de toute l’informatique mondiale, de l’électronique, des moyens de communications modernes... en fait la fin de l’ère dite informatique ! Ils auraient dû l’appeler : l’ère du silicium ! ou encore l’ère de rien ! l’ère du tique !
C’est incroyable, il suffit d’une tempête magnétique pour que tout s’arrête ! Les compteurs remis à zéro ! Il ne restera de notre évolution que les vélos ! C’est dingue !
Les avions sont bourrés d’électroniques, pourvu qu’aucun d’eux ne soit en vol...
Les cargos et autres pétroliers de même.
Les trains sont tous quasiment électriques, quelques uns roulent encore au fioul. Mais qui va leur livrer le précieux carburant.
Mais avant toute chose, comment la société va-t-elle fonctionner ? L’argent n’existe vraiment que sous forme de carte à puce ? Les banques tiennent nos comptes grâce à l’informatique ?
Bref, cette simple tempête va changer le cours de l’humanité ! Nous allons faire marche arrière d’un siècle mais sans avoir aucune préparation !
Bienvenue dans le nouveau monde !
L’homme devra réapprendre à vivre sans l’informatique... impensable aujourd’hui.

Et si cela arrivait...

demain.